J’ai pas de certitude absolue, encore moins
la science infuse. Je pense "comme la dame elle dit", mais
j’aurais pas réussi à exprimer ça aussi simplement :
« Je pense depuis longtemps que l’écriture est articulée autour de deux pans distincts, mais d’une égale importance, l’un relevant de l’art, l’autre de la technique. L’art ne s’apprend pas, c’est évident. On ne peut pas faire acquérir à autrui une âme d’artiste, une sensibilité d’écrivain, ou même la passion de coucher des mots sur le papier, qui est le don et la malédiction de ceux qui façonnent la prose et la poésie. Mais il est grotesque que de prétendre que le b.a ba de la fiction ne peut être inculqué ; pour moi, c’est une preuve de myopie intellectuelle ». E.Georges.
La seule
difficulté, comme souvent avec la technique, c’est de savoir
s’en affranchir. Y a t-il un risque de voir l’écriture
s’uniformiser, de voir tous les récits se ressembler ? Y
a t-il un risque pour l’auteur de seulement naviguer d’un
atelier d’écriture à l’autre sans jamais finaliser aucun
écrit ? De faire le touriste sur les salons ou sur les
forums sans vraiment s’investir dans un projet d’écriture
personnel ?
Aucun de ces
dangers n’est à écarter totalement. Mais on retrouve les
mêmes interrogations dans d’autres domaines : si je prends
l’exemple de la musique, c’est flagrant. Néanmoins, en
musique, personne ne remet en question l’existence d’une
« technique ». Tout au plus, certains dénoncent-ils l’excès
de cette technique dans tel ou tel genre musical, mais rares
sont les musiciens qui vont jusqu’à nier son existence.
Curieusement,
cette « négation » est assez répandue dans le milieu
littéraire. Il ne m’appartient pas d’expliquer cette
bizarrerie. Je me contente juste d’expliquer de la manière
la plus simple possible, à quels outils je recours, et pour
celles/ceux que ça intéresse, où les trouver.
Ce qui m’a le
plus fait progresser, je pense, c’est la travail de
bêta-lecture, en particulier celui sur le forum CoCyclics.
Lien ici : CoCyclics
Les manuels eux
sont intéressants pour canaliser ce que j’appelle mon
« moulin à conneries », c’est-à-dire la propension à écrire
au kilomètre. Écrire un premier jet de 300 pages, en
quelques mois, sans plan, sans synopsis, sans fiche de
personnage, voire sans trame, c’est possible, c’est même par
ça que j’ai commencé. Mais c’était un peu un récit qui
s’adressait à moi-même et dont personne d’autre ne pouvait
piger les clés. C’est tripant mais ça ne mène nulle part.
Quand j’ai « déconstruit » ce récit foutraque, j’ai cherché
un protagoniste, un objectif etc. C’est marqué dans le
manuel, certes, mais c’est surtout très utile au lecteur !
Des manuels que
j’ai lus je retiendrai : « La dramaturgie » de Lavandier,
parce que le notions essentielles sont là. « L’anatomie du
scénario » de Truby s’adresse davantage à ceux qui
recherchent une aide pratique : il s’agit presque d’un
cahier d’exercice. On peut passer tout son récit à la
moulinette du « Truby » et compléter ce qui manque, déplacer
ce qui n’est pas à la bonne place etc. Le genre de choses
qui scandalise certains. J’ai trouvé ça ludique et
terriblement efficace. Ce ne sont ni Truby ni Lavandier qui
ont choisi mon personnage, mes thèmes, mon univers,
l’ambiance, le ton, l’écriture. C’est moi. Ils m’ont juste
aidé à ne pas reproduire un texte aussi abscons que celui de
mon premier manuscrit (que j’adore toujours… mais je suis le
seul !). J’ai pioché dans ce premier manuscrit tous les
éléments qui me paraissaient utiles et j’ai réécrit
l’histoire : deux éditeurs ont été intéressés par cette
nouvelle version. J’ai signé avec l’un d’eux.
Alors que
faut-il faire : lire des blogs, des manuels, participer à
des forums, des ateliers, écrire des nouvelles ou se rendre
sur des salons ?
Tout ça à la
fois… ou rien de tout ça. Peu importe.
Certains ne
ressentent ni le besoin, ni l’envie de piocher là-dedans et
parviennent à leurs fins. Tant mieux. D’autres y piochent avec
parcimonie, d’autres enfin sont des consommateurs acharnés,
ils vident littéralement la boîte à outils !
Chacun sa
méthode.
Au final, une
seule chose compte : le résultat.
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